“C’est impossible d’animer des indépendants, il n’y a pas plus difficile : ils veulent les bénéfices de l’indépendance, travailler à leur guise, et dans le même temps garder tous les avantages qu’ils avaient quand ils étaient salariés !” Me soutient un de mes interlocuteurs récents, avec qui j’évoque mes expériences dans les réseaux et les plateformes digitales. A l’appui de sa démonstration, il ajoute que l’éloignement n’arrange rien, puisque la plupart du temps les indépendants sont domiciliés professionnellement dans des lieux différents.
Je ne partage pas cette analyse. D’ailleurs la différence de statut entre les salariés et les indépendants n’est pas le cœur du sujet. Il n’y a rien d’évident à faire travailler ensemble un groupe de salariés, et leur collaboration est bien souvent imprégnée de réserves voire de méfiance. Les indépendants ont pour eux de pouvoir exprimer librement leurs désaccords quand ils existent et de pouvoir à tout moment “voter avec leurs pieds”, mais ils ne sont pas structurellement opposés aux collaborations, et bien au contraire la plupart du temps.
Parlons d’enjeux : les indépendants et les entrepreneurs ont des préoccupations qui les taraudent jour après jour. C’est souvent l’accès à de nouvelles opportunités d’affaires, mais aussi la possibilité de se structurer, de se renforcer, de se former, de s’entourer des bonnes compétences, de s’internationaliser, d’accéder à de nouveaux cercles de décision etc.
Le chemin pour répondre à ces problématiques passe très souvent par la collaboration et les échanges avec les confrères, par le réseautage, les partenariats et toutes les formes de commerce associé, structuré ou non. C’est bien rare de réussir seul ! L’entrepreneur a souvent réfléchi à son offre, affûté ses arguments et ses outils, mais bien vite il réalise que tout aussi important sera la détection des alliés qui vont lui permettre de réussir.
Oui on peut faire travailler ensemble des indépendants… Oui il est possible d’animer des communautés d’indépendants et d’entrepreneurs… Si l’on est capable de faire la démonstration de la valeur de cette communauté, qu’elle soit économique, de renforcement technique, de réputation et de sécurisation, psychologique etc.
Une communauté d’indépendants qui réussit, traite ses membres comme des clients qui ont le droit à une proposition de valeur claire, et qu’il faut servir sincèrement.
Animer une communauté d’indépendants n’est pas une sinécure, ni un long fleuve tranquille, et on ne peut pas faire l’économie de se confronter aux attentes, quelquefois aux angoisses de ceux que l’on accompagne. Ce n’est pas un métier pour ceux qui aiment se faire obéir (mais il y a de moins en moins de métiers comme cela de toute façon). C’est un métier qui apporte des satisfactions importantes car il est riche de rencontres, de succès partagés, le tout dans une atmosphère responsable où chacun assume sa part.
Vive le travail indépendant !


